Réincarnation le lendemain
Habillée de dentelle blanche, plumes accrochées à mes longs cheveux noirs et juchée sur des talons vertigineux, j’ai assisté hier soir à l’évènement très attendu du Monde Osé : Reincarnation, soirée annoncée sous le thème des dieux et déesses mythiques ou imaginés.
Dans un décor sobre mais efficace du club Karma, petits anges dorés, reines majestueuses et Apollons aux torses découpés se sont frôlés langoureusement sur une musique ponctuée qui raisonne encore dans ma tête!
Des dizaines de déesses, pleine de grâce et aux courbes affriolantes, se sont subtilement dévoilées avec ce soupçon de scrupule qui nous fera toujours sourire. Sous la transparence des tissus souples et fluides qui les adornaient, se cachaient à peine et avec un art savamment étudié, ces bouts de peaux que la nuit rythmée rendait toujours plus humides. Toutes ces beautés, si féminines, se sont déhanchées et se sont révélées chaudes et suaves sous les yeux d’Éros qui jubilait d’émoi.
Confettis argentés, plumes d’ailes angéliques et nuages de brume fraîche et blanche nous incitaient à la fête!
Tandis que des Vénus, calice à la main, versaient sur le bout de nos langues, quelques gouttes de ce nectar olympien qui soûlait nos bouches avides d’amour, de jolies nymphettes moulées de latex couleur chair, nous régalaient de fruits rouges sans doute défendus. Discrètes, présentes, affables, douces et parfaitement aguichantes, ces ballerines du bonheur paradisiaques nous ont charmées. Sourires coquins, regards hypnotiques, leurs faux cils extravagants parés de brillants multicolores, cherchaient à battre à l’unisson avec nos cœurs déjà conquis.
Sur les podiums posés nulle part comme des nuages jetés en plein ciel, des danseuses peintes de poudre d’or exhibaient leurs arabesques à saveur érotique. Les corps animés d’admirateurs envoûtés ondulaient en cadence tout autour d’elles sur la piste de danse.
À bout de souffle, les âmes plus dociles étaient invitées à se reposer dans un espace aménagé sur la mezzanine. Sur des tapis et des canapés blancs boursoufflés de coussins de soie, les effleurements entrelacés et les frémissements des corps engourdis raisonnaient silencieusement, alors que les voiles diaphanes dissimulaient parfois les baisers volés. De là haut, comme si nous étions accotés à la balustrade du firmament, nous pouvions observer la foule de célicoles en pleine effervescence, soudés les uns aux autre.
Cette nuit fut une nuit de douce folie, pleine de cette sensualité qui imprègne les êtres qui savent s’abandonner volontairement aux plaisirs langoureux.
Je me suis échappée de ces caresses à fleur de peau, de ces danses lascives et de ces regards mystérieux. Couverte de flocons d’or et d’argent, une chaleur intense envahissant mon corps épuisé, je suis partie, avant que les portes du paradis se referment sur moi, enchantée de l’univers édénique et éphémère auquel le Monde Osé nous a convié!